CARNIVAL
by Marcel Lecomte
translated by K. A. Wisniewski
Holà
this evening my comrades my good comrades
my cow-boys my Sioux my Chinese my Apaches
the streets the streets of the big city
vibrating with the hum from turns and motors
and thousands of wheels
that spin at the same time on the soft streets
that shines like polished ice
the streets I tell you
where vertical colors cry falling and streaming
on façades and sidewalks
cutting out heaps of harlequins behind passers-by
all glorious –
the electricity is as delirious as dying drunks
keeling over –
where the reds of our joy
where the reds and the yellows grow from our burning love
dominating laughter streaked with purple furies passing
by car
bloody men and passionate women who dance
a dance sizzling distress calls from shop windows
that sparkle, burst, and flame
under the fever of the crossroads
today the city’s women
are all enormous fans of sensual poems
that excite our youth and our joy for loving,
there are those—the poor of spirit—for whom such
lust, such an exuberance spoils and disgusts
and who will have great difficulty to recover;
there are those whose fists tighten in the air like
carrying torches at the ends of their arms threatening
stars while laughing,
there are these flashes of fire that light the sky
like the flames of a stake
there are the wild mouths of the old prostitutes in
the cafés
the evening the city streets
the streets decorated with all the world’s colors and all
the infinite luminous poems
the stations that shake from beginning to end the trains
at departure,
boats on the river where sirens scream
under bright metal bridges
and boulevards
whose high buildings mature like
tropical fruits
under a burning sky that blazes up and devours
immense steamers
colorful like savages on
warpath
like those diamond palaces with their hanging
gardens
where we hold a grand wedding and where we play dramas
too
for the cinemas,
the steamers which roll and sway and wander
and stammer –
the captains are getting old –
creaking moans under the weight of so many cities
under the weight of so much of the world
that they carry over there towards these lands eternally
promised
towards these always mapped lands
towards a certain odd point in space which suddenly
will leap like a dancer
outside of the horizons stretched like arches.
CARNAVAL
Holà
ce soir mes camarades mes bons camarades
mes cow-boys mes Sioux mes Chinois mes Apaches
les rues les rues de la grande ville
qui vibrant au vrombissement des tours et des moteurs
et des milliers de roues
qui tournent toutes en meme temps sur le pave gras
qui brille comme la glace des skating
les rues vous dis-je
où les cris verticaux des coleurs tombent et ruissellent
sur les façades et les trottoirs
découpant des tas d’arlequins dans le dos des passants
tout glorieux –
les électricités délirent comme des ivrognes mourants
qui chavirent –
où les rouges de notre joie
où les rouges et les jaunes crus de notre ardent amour
dominant le rire zébré de violet des furies qui passent
en automobile
ensanglantent hommes et femmes éperdus qui dansent
une danse grésillante à l’appel en détresse des vitrines
qui scintillent éclatent et flambent
sous la fièvre des carrefours
aujourd’hui il y a toutes les femmes de la grande ville
qui sont l’énorme poème sensual forcené
qu’exaltent notre jeunesse et notre joie d’aimer,
il y a ceux—les pauvres d’espirit—qu’une telle
luxure, qu’une telle exubérance éclabousse et dégoûte
et qui auront bien du mal à s’en remettre;
il y a ceux dont les poings tendus en l’air comme
portant des torches à bout de bras menacent les
astres en rigolant,
il y a ces lueurs d’incendie qu’ils allument au ciel
comme les flames des bûchers
il y a les gueules féroces des vieilles prostituées dans
les cafés
le soir les rues de la grande ville
les rues pavoisées aux couleurs de toute la terre et tout
le vaste poème lumineux
des gares qu’ébranlent de bout en bout les trains
au départ,
des bateaux sur le fleuve où les sirènes hurlent
sous les ponts de métal clair
et des boulevards
dont les hauts bâtiments mûrissent comme
les fruits des tropiques
sous le ciel ardent qui s’embrase et dévore
les paquebots immenses
bariolés comme des sauvages sur le sentier
de la guerre
comme ces palais de diamant avec leurs jardins
suspendus
où l’on fait la grande noce et où l’on joue les drames
aussi
pour les cinemas,
les paquebots qui roulent et tanguent et divaguent
et bafouillent –
les capitaines se font vieux –
craquant râlant sous le poids de tant de villes
sous le poids de tant de monde
qu’ils portent là-bas vers ces terres éternellement
promises
vers ces terres toujours différées
vers certain point bizarre dans l’espace qui tout à coup
bondira comme un danseur
hors des horizons tendus comme des arcs.
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